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UNE TERRE D'ASILE

Sans armes, sans haine et sans violence

De 1939 à 1944, les habitants des communes du plateau Vivarais-Lignon résistent à leur manière aux lois de Pétain et aux nazis, c'est à dire sans utiliser une seule arme. Refusant d'obéir aux injonctions du régime de Vichy en matière de persécution raciale, ils accueillent des résistants, des apatrides, et cachent plusieurs milliers de juifs pourchassés. Beaucoup d'enfants et énormément d'adultes. Combien exactement ? Nul ne le sait. Entre 3 et 5000 personnes, estiment les historiens.

Une fois mis hors de danger, les réfugiés sont ensuite confiés à des filières d'évasion clandestine puis acheminés vers la Suisse, par Annemasse ou Chamonix. Pour ne pas qu'ils soient reconnus, dans le langage codé des passeurs, les juifs sont appelés les "Anciens Testaments".

Instigateurs et meneurs de ce mouvement de solidarité collective, les pasteurs du Plateau donnent l'élan : ils sont pacifistes et objecteurs de conscience. Toute la population de ce coin perdu de la France, du plus pauvre au plus riche, sans distinction de classes sociales, se montre solidaire et complice, déterminée face à la police de Vichy et aux Allemands. Pour ces protestants nourris de Bible, protéger une personne menacée de mort en temps de guerre n'est pas un acte héroïque, mais un acte naturel, fondé sur la compassion, le respect et l'amour de l'autre.

Les huguenots et les juifs ne sont d'ailleurs pas tout à fait des étrangers l'un pour l'autre. Ils se connaissent "spirituellement" depuis des siècles sans jamais s'être vus, pratiquant souvent les mêmes versets bibliques, étudiant assidûment et appliquant dans leur vie l'éthique de l'Ancien Testament, la source commune de leur foi.

Un îlot d'humanité

Dés 1941 un réseau d'accueil clandestin est mis en place. Les premiers paysans qui accueillent les juifs sont... les darbystes. Les femmes exercent un rôle crucial dans les opérations de sauvetage : institutrices, fermières, directrices des pensions. Des organisations extérieures au Plateau assurent la coordination des réseaux d'accueil et d'évasion : la CIMADE, l'Oeuvre de secours aux enfants, les quakers américains, le Service Civil International, le Secours Suisse. Une "usine" à faux papiers située dans une modeste ferme parvient à fabriquer 6000 fausses cartes pendant cette période.

Armés de leur conviction et de leur courage, extrêmement solidaires, les gens du Plateau ont tenu bon. Après la guerre, plus de 50 habitants du plateau ont même reçu de l'État d'Israël la médaille des Justes des Nations, la plus haute distinction, en mémoire de leur action en faveur du sauvetage des juifs persécutés sous l'occupation. Au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, un bosquet d'arbres commémore l'action de ces "héros anonymes" du Plateau Vivarais-Lignon, dont tous les habitants sans exception ont fait bloc contre l'intolérance et l'antisémitisme.

Mais personne parmi les survivants de cette époque, ni parmi les habitants d'aujourd'hui, personne ne cherche à tirer gloire ou profit de ces actions humaines en temps de crise. Car sur le Plateau, pays discret et secret, on préfère l'humilité aux honneurs, la simplicité aux récompenses. Hormis une petite plaque commémorative offerte par les juifs réfugiés, il n'y a rien. Le Plateau ne tient pas à vendre son âme au diable de l'auto glorification. C'est écrit dans la Bible : "Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes pour en être vu".

Auteur Gérard Bollon

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Dernière mise à jour le 24-Avr-2004