Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer la
montée
des eaux à Venise.
En effet, la ville s’enfonce dans la mer de 2 à 2,7
millimètres par an. Cet enfoncement est dû au
pompage d’eau douce dans la nappe phréatique
locale pour l’industrie et la consommation. Par ailleurs,
un phénomène concomitant accentue ces événements
de plus en plus fréquents, il s’agit de l’élévation générale du niveau des mers.
Au début du XXè siècle, seule la
place San Marco était inondée. Désormais,
les inondations se multiplient et touchent la quasi-totalité des
quartiers San Marco et Cannareggio, ainsi que de nombreux
secteurs de Dorsoduro, de San Polo et de Santa Croce.
A chaque montée des eaux, des estrades sont
disposées
place San Marco afin de pouvoir traverser la place à pied
sec.
Même si elle demeure un phénomène inquiétant,
l’acqua alta est cependant courante et même
vitale à l’hygiène de la lagune et
de Venise. Dues à la coïncidence d’une
grande marée, d’un coup de vent et d’une
oscillation anormale du bassin septentrionnal (Nord) de
l’Adriatique, les hautes eaux se produisent de novembre à avril.
La mer pénètre alors par les trois passes qui relient la lagune à l’Adriatique : à Chioggia, à Malamocco et au Lido. Le siroco, soufflant du sud, empêche
ensuite les eaux de se retirer et, lors de la marée
suivante, le nouveau flux s’additionne au précédent.
L’eau pénètre alors dans les canalisations
et inonde la ville.
Acqua alta place San Marco
Ce 4 novembre 1966…
Ce jour-là, le siroco soufflait sur Venise à plus
de 100 km/h. Il déchaîna une grande marée
qui coupa l’électricité et rompit
les digues du Lido. Le lendemain, la Cité des
Doges fut envahie par l’eau : il y eut près
de 1m50 d’eau dans la basilique San Marco…
Depuis ce jour, les Vénitiens, conscients de la
fragilité de leur ville, vivent dans la crainte
des inondations qui ne cessent de se multiplier : on
en a dénombré dix entre 1925 et 1935, une
centaine entre 1975 et 1985 et quarante pour la seule
année 1990.
Depuis novembre 1966, c’est toute la communauté internationale
qui se préoccupe de Venise, par le biais de l’UNESCO qui
a quitté Rome pour Venise en 1977.
Le projet Moïse pour sauver Venise des
eaux...
Le projet de digues mobiles pour protéger Venise, à l'étude
depuis des années, a été adopté par
la région de Vénétie en 1998.
Imaginé en 1981, l'objectif était de trouver
une solution aux inondations. Ce projet prévoit
de poser 79 digues mobiles au fond des trois passes de
la lagune et de les déployer lorsque le niveau
des marées dépassera un mètre, afin
d’isoler la lagune de la mer.
La réalisation de ce projet, baptisé MOse (Moïse) : Modulo Sperimentale Elettromeccanico,
coûtera plus de 2,5 milliards d'euros et
durera huit ans.
Si certaines associations écologistes craignent
un déséquilibre dans les échanges
naturels entre l’eau salée et l’eau
douce, entre dépot d'alluvions et érosion,
il s’avère que des études scientifiques
complémentaires menées en 2002 ont démontré que
les impacts de ce projet ne sont pas aussi néfastes
sur l’environnement.
D’aucuns estiment également que ce projet
coûtera très cher (600 millions d’euros,
rien que pour la première étape) et durera
trop longtemps et qu'il aurait été plus
judicieux d'interdire la navigation des énormes
bateaux dans la lagune, de curer régulièrement
les canaux et entretenir les iles et barènes de
la lagune (ce qui d'ailleurs commence à être
fait) , comme cela était le cas autrefois.
Le projet a été adopté par le gouvernement
italien en décembre 2001.Les travaux devaient
démarrer fin 2003, après de multiples
reports.
L’emplacement
des digues dans les trois passes
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