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La cause des enfants en Haute-Loire
orientale. Culture protestante et dynamisme associatif au XXème
siècle.
Gérard Bollon
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Puis au premier temps de l'exode de 1940, ce sont
de jeunes chômeurs français, mais aussi des Belges,
refoulés par l'invasion, qui sont pris en charge par des
groupements associatifs d'obédience protestante comme les
Unions Chrétiennes de Jeunes Gens (UCJG). On connaît
bien aujourd'hui la place du Plateau, terre d'asile de 1940 à
1944, pour les enfants juifs et de nombreux anti-nazis évadés
ou libérés des camps d'internement du Sud-Ouest de
la France (4). Chaque ferme est un abri, chaque
"home" d'enfants un havre de tranquilité. Les Foyers
de la Guespy, des Grillons, de l'Abric, de Faïdoli, des Roches,
du Coteau Fleuri sont pris en charge par les bénévoles
de la CIMADE (5) avec Madeleine Barrot, la Croix-Rouge,
l'Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE) avec André Chouraqui,
le "Service Civil" de Pierre Cérésole.
Bien entendu, il serait injuste de ne parler que d'un village emblématique,
Le Chambon-sur-Lignon, et d'un pasteur André Trocmé
entouré de toute une littérature hagiographique, alors
que l'accueil des réfugiés concerne une vingtaine
de paroisses tant en Haute-Loire qu'en Ardèche. Douze paroisses
différentes, vingt trois pasteurs, sans compter les communautés
catholiques et les frères darbystes qui ont joué leur
rôle dans l'accueil.
Ce n'est pas non plus dans cette communication que nous déterminerons
combien de réfugiés sont accueillis sur le Plateau
par les associations caritatives. De l'histoire parfois légendaire
du Plateau dit "cévenol", l'un des éléments
les plus surprenants est le chiffre de 5000 réfugiés
juifs, principalement des enfants. En tout cas ce que l'on sait
c'est qu'ils furent très nombreux ces jeunes qui s'inscrirent,
sous de fausses identités, à l'Ecole nouvelle Cévenole,
autre structure associative toujours à connotation protestante.
Pour une fois mettons plutôt en exergue une association loi
1901, "les petits bergers des Cévennes",
mise en place en Yssingelais en 1938 par les fondateurs Alex Brolles
et Noël Barrot (6); mais aussi dans le bassin
du Puy, sous forme de Centres d'accueil, l'un à l'ancien
orphelinat de la Roche-Arnaud, l'autre à Polignac, à
proximité de la ville. En campagne et dans les centres, l'association
met à l'abri des arrestations, grâce à un faux
état civil et de fausses cartes d'alimentation, des centaines
de jeunes juifs (7). Avec la Libération,
comme une volée de moineaux, presque tous les enfants réfugiés
se dispersent très rapidement.
Pourtant le Plateau vellave n'oublie pas les persécutés
du monde de l'après-guerre : chaque période difficile
suscite la réaction d'une association pour accueillir l'autre.
En 1956, ce sont de jeunes hongrois ; plus tard, en 1974, quelques
chiliens ; dans les années 1980 des familles cambodgiennes
et laotiennes ; aujourd'hui une cinquantaine de demandeurs d'asile
vivent en famille au sein d'un CADA chambonnais (Centre d'Accueil
de Demandeurs d'Asile) avec le support associatif du Centre Pierre
Valdo de Lyon.
(4) Cf. Annexe n°1 :
Le Plateau, terre d'asile.
(5) Cf. La communication de M. Charreyron
(G) : "La CIMADE, une association protestante pendant la
guerre".
(6) Noël Barrot ,1903-1966,député-maire
d'Yssingeaux, président du Conseil Général
de la Haute-Loire,questeur à l'Assemblée Nationale,
résistant.-
(7) Brolles Alex - "Le rôle
des petits bergers des Cévennes" - Actes du Colloque,
1992.
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